Contradictions

La Vespa, la femme, et le poulet – Photo P. Philbée

J’aime les prés fleuris au printemps
Boutons jaunes
Boutons blancs

Les feuilles d’automne

Oranges
Rouges
Flétries

Brunes
Tombées dans la flaque
Et qui restent-là sur le chemin
Jusqu’au printemps prochain

Je me promène
Parcourant le sentier
Et j’entends le lointain

Je n’aime pas le bruit de la tronçonneuse
Pas plus celui de la tondeuse
Et encore moins celui d’un quad ou d’une cyclo-moto

Et l’invention du siècle dernier
Toujours d’actualité
La fameuse souffleuse
Cherchant à chasser la feuille
Pour rendre le chemin net
Propre et droit

J’aime le parapente qui monte au dessus des cimes
A la force des courants
Mélange d’air chaud
Pincée d’air froid

Je n’aime pas le paramoteur
Tant qu’il monte péniblement
Faisant ses ronds plus que ronronnants
Cargo du ciel mi-tondeuse mi-goéland

J’aime la campagne la nature et son calme
J’aime aussi la ville son activité et ses bruits
J’ai vécu à la ville
Et je vis à la campagne

J’aime quand tu me dis que tu m’aimes

Je n’aime pas te dire je t’aime
Et pourtant…
Et pourtant…
Alors je ne te le dis pas

J’aime choquer
Te choquer
Me moquer

Je n’aime pas qu’on se moque
De celui qui n’aura pas
Le mot qui rétorque

Je n’aime pas le groupe
Conspirant sur celui
Qui n’en est pas
Ou bien qui n’en est plus

Je n’aime pas l’esprit de groupe
Cet unisson de celui
Qui ne fait qu’un

J’aime…
J’aime pas…

Mais qu’est ce qu’on en a à faire
De ce que j’aime
Ou de ce que je n’aime pas

Je n’écris que pour plaire
Que ça te plaise ou non

Je n’écris pas pour te plaire
Toi qui passes par hasard
Ou qui peut-être restes-là

Et si tu me lis
Méfie-toi
Peut-être aussi
Que je ne t’aime pas

Je ne sais pas dire
Je t’aime

Je ne sais pas dire
Non plus
Son contraire

Un regard suffit
A te laisser imaginer

A la campagne
On n’aime pas toujours les mots

 

 

Paul Philbée – 11/2019