Non retour

Viaduc de Millau – © P. Philbée

Pourquoi devrais-je encore répondre à tes attentes
Pourquoi devrais-je être là pour toi
Au garde-à-vous toujours présente
Ce soir je n’ai plus envie

Plus envie de me déshabiller
Rester couchée là à attendre à côté de toi
Que tu te fasses gagner par le sommeil

Je sortirai ensuite cette nuit pour marcher sous la pluie
Cette pluie propice à ne voir aucune étoile dans le ciel
Pas même la lune
Cette pluie qui me fera me retourner sur ma vie

Comme chaque dimanche pluvieux
Je me dirai encore que je n’ai pas avancé

Je penserai à toi
Toi qui m’as tuée

Je m’étais imaginée m’inscrire au cours de danse
Je me serais donnée sans compter pour y parvenir
J’y serais arrivée
J’étais douée autrefois
J’aurais voyagé le cœur léger
Au rythme des ballets dans quelque pays étranger

Je me retourne et il n’y a rien
Rien devant
Rien derrière

Je suis une coquille vide
Un embryon avorté

J’ai eu pourtant le choix
Mais j’ai tardé
Puis tu es venu dans ma vie
Tu l’as pénétrée au point de la violer
De m’enfermer dans le non droit

Passive je suis restée

Je revois ce passé qui n’a pas avancé
J’ai envie de pleurer

Ce soir je reste habillée
Allongée sur le lit à côté de toi qui ronfles
Même la nuit quand tu te tais
Tu trouves encore le moyen de me déranger

Si ce soir je te quittais il faudrait que je parte vite

J’ai peur que tu me retrouves
Que tu me convainques de rentrer à la maison
Que tu m’obliges si je recule
Peur que tu sois plus violent qu’à l’habitude

Tu finiras par m’abimer un peu plus qu’aujourd’hui

Je suis comme le jouet que tu montres
Que tu exposes au gré de tes envies
Un jour le ressort finira par casser

Je n’ai plus la force de me ménager pour ne pas tomber

Le soleil se lève
Le froid empêche les oiseaux de chanter

Je suis encore habillée
Je n’ai pas réussi à partir

Peut être demain

Oui demain
Ce sera le jour J
L’opposé du D-Day
Demain ce sera la nuit la plus longue de l’année

La nuit est propice à l’évasion

Je partirai loin
Le jour je me cacherai
Et la nuit je marcherai

Je suis encore allongée
Et tu n’as pas bougé

Tu ne t’es pas aperçu du somnifère glissé dans ton verre

Pour gagner quelques foulées
Demain je doublerai la dose

S’il me manque comme aujourd’hui encore le courage
Demain je prendrai le reste du paquet
Liberté perdue
Libérée je serai
Demain j’avalerai le tout

Demain quoi qu’il arrive
Tu ne comprendras pas

Demain vous non plus
Vous ne comprendrez pas

Paul Philbée – 05/2018

8 Comments

    1. La vie n’est peut être pas gâchée.
      Ça dépendra de la décision de la femme.
      Quel choix fera t elle ?
      Effectivement on ne le saura pas…
      Merci pour votre aimable commentaire.
      Je vous souhaite une bonne journée.
      Paul

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