Le Baron Noir

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Vivien. Hommage au Baron Noir… et à Emmanuel Macron – © P. Philbée

Tous les soirs, je fais le même rêve.
Celui de voir Paris et ses monuments.
Voir la vie, les cafés, les troquets, et tous ces gens qui s’affairent pendant la nuit.
Je suis là dans le noir, planant au bord de mon bateau.
Pour le moment vous ne me voyez pas.
Je ne suis pas assez haut.

Je tends le bras pour toucher l’eau du ciel, effleurer l’eau de là-haut.
Les gouttelettes ruissellent sur ma peau et m’obstruent la vue.
J’imagine la lune ronde et charmante portée par les flots de ses nuages bleus.
Je suis le Baron Noir qui passe d’arche en arche.
Je tends les bras, mes mains à l’horizontal et je vole.
Je les incline un peu et je monte.
Je contourne l’Arc de Triomphe, me dirige vers le Grand Palais, l’Élysée, la Madeleine. Demi-tour, après l’Étoile , direction le Champ de Mars.
La Tour Eiffel se balance, sûrement à cause de tous ces gens qui courent d’un coté à l’autre pour me suivre du regard dans ma course aux étoiles.
J’ai quitté mes vêtements.
Tout nu je vole plus léger.
Je ne crains pas l’attentat à la pudeur, nous sommes tous des enfants de la Terre un peu dans la lune.
Soudain je vois une lumière bleue.
Je m’approche.
Elle semble tourner pour éclairer les façades des immeubles. C’est encore plus beau, mais elle est trop rapide et me donne le tournis.
J’approche encore et je quitte le casque radio qui me reliait à la tour de contrôle.
J’entends la sirène hurler. Un monsieur en haut-de-forme s’approche de mon aéronef pour me saluer. J’ai pourtant coupé le moteur, pourquoi trouve-t-il nécessaire de hurler ?
Ce ne sont pas de façons d’accueillir les explorateurs…
Sa voix de parigot porte les effluves de la Seine jusqu’à mon oreille larsen.
« Vous allez bien ? Quel jour sommes nous, quel est votre nom. »
Il me prend le bras, voila qu’il me tapote la joue.
« Allez-y, tirez moi l’oreille, Napoléon, tant que vous y êtes ! »
Il ne faudrait pas pousser, on ne se connait quand-même pas plus que ça…
J’ôte mes lunettes et je m’essuie le visage avec mon foulard.
Pas rancunier pour un sou, je lui dis: « Alors vous avez vu ?
Ce n’était pas si compliqué de passer sous la Grande Arche !
Voyez, je suis plus fort que le voltigeur qui vous a fait tourner en rond durant l’été 88 !
Voulez- vous connaitre mon secret ?
Pour réussir cet exploit, il faut être agile…
Et surtout encore bien plus noir que le Baron ! »

Paul Philbée – 10/2018
Écrit à la suite d’un lapsus de Vivien à l’âge de 7 ans. « On ira visiter Paris… Voir l’arche de la Défonce… »

« L’affaire du Baron noir est un fait divers très largement médiatisé en France au cours de l’été 1988. À partir du 28 juillet de cette année et jusqu’à la mi-septembre, plusieurs témoignages font état de l’éventuel survol illégal de Paris de nuit, par un avion à hélice non identifié. La presse écrite et la télévision relaient très rapidement ces témoignages et donnent à l’affaire une grande visibilité. Il n’existe cependant pas de preuve tangible, à ce jour, que les supposés vols de nuit illégaux au-dessus de Paris ont bien eu lieu. » Wikipedia

9 Comments

  1. Bonsoir Paul, quelle belle histoire, ainsi vous voilà en Baron Noir , quel beau voyage sur Paris, j’ai lu, j’ai fermé les yeux et j’y étais…. J’ai beaucoup aimé moi la parisienne devenue « campagnarde » , je reste attachée à ma ville de naissance, à mon enfance et à mon adolescence. merci Paul de m’avoir permis de revoir touts ces monuments, alors Mr l’Agent on ne peut plus rêver dans cette ville? Amicalement MTH

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