Ohayô* !

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Boutique du musée du Louvre – Paris – © P. Philbée

Dis donc Popol
Ça faisait combien de temps que tu étais posé sur l’étagère
Tu avais cru que tout le monde t’avait oublié

Te souviens tu du temps où tu faisais le show
On se moquait de toi
Position de travers
Mais quand c’était le moment
Tu te retroussais les manches
Et tu y allais
Sans savoir si c’était pour voir le ciel
Ou bruler un peu du feu de l’enfer

Dis donc Popol
Tu te souviens des flirts dans le parc
Tu étais gonflé
De répondre présent
Alors qu’on ne t’avait encore rien demandé

Dis donc Popol
Tu avais la côte auprès des filles
Lorsque tu faisais ton tour
Il fallait que je te protège
Et que je te remette vite en place
De peur qu’elles ne te cassent

C’est vrai Popol
Que tout cela n’eut qu’un temps
Il ne fait pas toujours bon vieillir
Quand d’autres ont pris la place
Même s’ils n’ont pas le charme
Créé par l’usure du temps

Dis donc Popol
Tu crois qu’on pourrait à nouveau remettre ça ?

On aurait peut-être à nouveau du succès à la maison de retraite
Les auxiliaires te regardent déjà
Comme un vieux petit truc posé sur l’étagère
Quand je leur dis que c’est mon Popol
Elles me prennent pour le vieux fou du quatrième
Neurodégénérant

Mais qu’est ce qu’on s’est bien amusés
Mon Popol
Depuis ce premier jour

Je me souviens
Papa revenait du Japon
De sa valise il a sorti cette petite boite
Mes grands yeux se sont émerveillés
Devant cet objet
Roulant à gauche à droite
Qui s’éclairait rouge vert bleu
Ce petit robot qui disait « Ohayô ! »

J’ai embrassé mon Papa
J’ai mis le robot dans ma poche
Il était si petit
De mes yeux émerveillés
J’ai dit à mon Papa
« Je vais l’appeler Popol »
Il m’a répondu
« Tu es sûr ? »

Mon petit Popol
Je me souviens
Tout ce chemin tracé
Depuis la petite école
Tes roues sont usées
Et ta tête a du mal à fonctionner

Mais quand tout le monde est parti
Tu fais encore la joie de ma voisine Andrée
Lorsque vient le soir et qu’il n’y a plus un bruit
Je te sors de ma poche
Et je vois son visage émerveillé
Lorsque tu t’éclaires en rouge vert bleu
J’appuie sur le bouton
Et tu t’élances dans la nuit

Tu brises le silence
De ton cri « Ohayô ! »
Et je vois encore une fois
Pareil au premier jour
Les grands yeux noirs d’Andrée
S’illuminer

Dis donc Popol
Ça fait pas bien longtemps
Que tu es resté posé sur l’étagère

Andrée t’a encore félicité
Tu n’as pas pris une ride
Tu n’as pas même eu le temps
De prendre la poussière

Paul Philbée – 07/2018

(*) Ohayô : Bonjour en japonais

5 Comments

  1. Votre texte est plein d’humour… je souris
    devant l’incrédulité de votre papa 😉 et je ris de l’émerveillement d’ Andree à la maison de retraite 🤣 Mais excusez moi je dois avoir l’esprit mal tourné 🤔 Bonne soirée 🌻

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