
Je préfère la neige à la pluie.
Je préfère aussi mes rêves à tes cris.
A tes reproches de la journée,
Il me reste la nuit.
Je suis sorti et j’ai marché.
Le trottoir était encore mouillé de la journée.
Les éclairages de boutiques se reflétaient.
Ces mélanges de couleurs vertes et brunes ajoutaient un peu plus de bleu à mes pensées.
Mon regard penché sur ces dalles, alternant le beige et le gris foncé, me faisait me demander où j’étais en ce moment.
Pas moyen de se rattacher à une boutique pour le savoir, toutes les mêmes.
Je ne sais pas.
Je ne sais plus.
Nous aurions pu nous installer à la campagne,
Un peu en hauteur, là où la neige remplace la pluie.
C’est beau une ville, toute blanche, dans la nuit.
Avec ses reflets brillants.
Je marcherais jusqu’aux lueurs de l’aube, à imaginer ton regard heureux.
Pour retrouver ton sourire, je marcherais même la journée.
C’est beau une ville, toute blanche, le jour aussi.
C’est vrai, tu as peut-être raison.
Il n’y pas de boulot, ou si peu.
Il n’y a plus de boutiques non plus.
Mais ici il pleut.
Même le zouave du pont de l’Alma a l’air d’un con,
A poser pour tous ces gens et leurs « réseaux-photos. »
Pas de quoi remonter le niveau.
Qu’est ce qu’on serait bien à la montagne.
On aurait des chiens de traîneau.
Une petite maison et un fourneau.
On vivrait comme nos grands mères.
Enfin pas la tienne, elle était blindée.
C’est un peu à cause d’elle d’ailleurs qu’on est là.
Elle nous a aidé, nous a mis le pied à l’étrier.
Tu me l’as bien souligné, répété.
Je te suis ou c’est fini.
Tu m’as dit aussi d’arrêter avec la neige et mes envies de m’évader.
« La neige, c’est bien, une fois dans la saison.
Avec le forfait remontées, et les routes dégagées pour pouvoir rentrer. »
Oui, c’est vrai, c’est peut-être à cause d’elle qu’on en est là.
J’aurais dû te convaincre, j’aurais pu trouver un emploi.
Il doit bien y avoir quand même un peu de boulot par là haut.
On n’aurait pas eu besoin de beaucoup pour vivre.
Juste un peu et j’aurais eu le moral pour deux.
Nous serions rentrés, le bonnet vissé sur la tête, les joues rouges et le yeux brillants.
Assis tous les deux dans la cuisine, le soir, on se serait tenu chaud.
Des fois il neige en avril.
Il l’a chanté, parait-il.
Où était-il allé chercher cela ?
C’était pas ici.
Il ne neige pas en janvier. Pas plus en février.
Alors en avril…
Je n’ai pas envie de rentrer.
Demain, il faut aller travailler.
Travailler pour ne pas manger, dans ce lieu où la pluie n’en finit pas de tomber.
La pluie donne des reflets à ces pavés beiges et gris.
Des couleurs vertes et brunes.
Et puis aussi du bleu.
Des fois je suis heureux, des fois je suis bleu.
Si nous étions à la campagne tout là haut, serions-nous plus heureux ?
S’il n’y avait pas cette pluie, et puis tes cris aussi, on pourrait rester encore.
Encore un peu.
Tous les deux.
« Sometimes I’m happy, Sometimes I’m blue, My disposition depends on you… »
P. Philbée – 02/2018

Une scénette touchante de réalisme, on ressent quelque chose d’énamouré dans les tonalités du langage, juste ce qu’il faut pour garder le lecteur attentif jusqu’à la chute.
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Merci beaucoup pour votre encouragement !
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Tu aurais toute la neige que tu recherches ici au Québec. Lol
Joliment écrit!
Aucun endroit au monde ou même le plus beau des rêves ne pourrait nous rendre heureux si on est pas heureux avec soi-même ou avec la personne avec qui l’on vit.
Amitiés
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Bonjour Nicole,
Merci pour votre commentaire.
Voulez vous m’excuser pour le retard dans la réponse, j’avais zappé ton com…
Aujourd’hui pas de neige mais moins 18 ce matin à 1000m en Auvergne.
Bonne journée
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