
J’ai pris un bain
Je ne suis pas mort
Ça m’a fait du bien
J’aime me sentir partir
Entendre mon corps flotter
L’esprit noyé embaumé
Avant que mes muscles ne se durcissent
Ne se contractent
J’ai rampé jusqu’au lit
Et je me suis allongé
Je me suis senti partir
Retrouver le soleil étoilé
Puis je me suis endormi
Sans toi
Sans moi
Sans nous entrelacés
Mon esprit flotte au dessus de l’eau
Tandis que le corps sombre dans le matelas Dunlopillo
Je ne retrouve plus la surface
Ma tête est emplie d’eau
D’eau delà
De toi
J’entends encore le Rat d’Eau
Entre mes deux oreilles qui me dit
Souviens-toi
Je me fous du bois flotté
Je veux partir chasser l’Agnus Dei
Le cueillir l’arracher
Danser autour du feu sacrifice
Et chanter son amour consumé
Je suis le loup
Je vais te manger
Te cuisiner à la broche
Et te dévorer de baisers
Ils te transformeront mon Ange
En colombe portant le rameau du cerisier
Pour seul retour à la terre
Une fois la baignoire vidée
J’ai pris un bain
Je ne suis pas mort
Ça m’a fait du bien
Me voilà propre et bien lustré
Échoué dans les goémons de ta chevelure
Sable blanc de ta peau
Médusé de tes seins
Étoile de mère collée à ton bassin
Le ressac me fera repartir
Un peu plus loin
Suivant la marée
Pour m’échouer à nouveau
Dans tes autres contrées
Faut-il avoir fumé
Pour écrire ces pensées
Je sors du bain
Et je fume
Mon corps tout entier fume
Bain très chaud
De la tête aux pieds
S’échappe la vapeur d’eau
Qui crée sur ta vitre
Le support du dessin
Je laisserai glisser mon doigt
Faisant couler la rivière au fond de la vallée
Sillons de l’esprit dans la buée du carreau
Vision de sourires de pleurs et d’eau perlée
Et puis cette phrase avant de m’endormir
« À bientôt et ne prends pas froid – Referme bien la porte derrière toi, et pour une fois referme la sans bruit »
Paul Philbée – 05/2018