
Tel le saumon, je remonte à la source.
Je peux faire mille kilomètres pour retrouver la saveur,
L’odeur de là où j’ai grandi.
Tel le saumon, je remonte à la source.
Je revois ce chemin,
Ces prés fleuris et les sapins.
Les routes ont peu changé,
Quelques virages sont rectifiés.
Je me sens bien.
Je revois mes souvenirs d’enfance,
Des vacances longue durée.
Le temps paraissait long.
A force d’ennui et de temps dilaté,
Les vacances duraient toute une année.
J’ai la curieuse sensation de n’avoir grandi qu’en été.
Nous étions trois,
Toi, lui et moi.
A peu près du même âge.
Deux de vacances dépaysées,
Un de « Je reste là pour aider Papa. »
Nous étions trois,
Il ne reste plus que moi.
Échoué là, le ventre en l’air.
J’ai réussi à frayer,
Et élever deux alvins.
Tous les jours je redescends la rivière,
Pour aller travailler.
Tous les soirs je la remonte,
Pour retrouver le foyer.
Les alvins deviennent bambins.
Quand ils seront en âge
De frayer leur propre chemin,
Reviendront-ils à la source ?
Il y a tant de paramètres.
Mais peut-être…
S’ils ont aimé leur enfance.
S’ils ont trouvé qu’elle était bien,
Quelle en valait le coup.
Si la vie n’en décide pas autrement.
Qu’il soit à la source,
A l’autre bout du monde,
Ou bien dans la vallée,
Puissions-nous reposer,
Dans le foyer qu’on a aimé.
Paul Philbée – 03/2018
